Après six ans de Games Convention, cet événement populaire annuel se tenant à Leipzig mais devenant de plus en plus limité par les capacités d’accueil des hôtels du coin, il a fallu se faire une raison. C’est ainsi que le BIU, syndicat allemand des éditeurs de jeux vidéo annonce en 2008 la gamescom, qui lui succède et se déroule également durant le mois d’août, mais à Cologne. Une surface d’exposition plus grande, des capacités d’accueil pour les voyageurs également améliorées et un objectif simple: devenir le salon référence en Europe, l’équivalent de l’E3 aux Etats-Unis et du Tokyo Game Show au Japon. La première édition en 2009 démarre avec 458 exposants, 17 326 professionnels, 4100 journalistes et 245000 visiteurs. Ces chiffres ne cesseront d’augmenter, puisque pour la septième édition qui vient de s’achever, on a compté 345000 visiteurs, soit la meilleure affluence depuis sa création. Avec 806 exposants, plus de 33000 professionnels et une surface de 192000 m², la Gamescom est sans rival au niveau européen, la Paris Games Week n’offrant «que» 50000 m² pour 125 exposants et une affluence de 272000 visiteurs – grâce notamment aux finales de Coupes du monde du jeu vidéo, mais encore loin derrière l’E3, vieux de 20 ans et ses 45000 professionnels. Toutefois, la comparaison s’arrête là, puisque l’E3 se destine aux professionnels uniquement et n’est ouvert qu’à la presse.
Si l’E3 est l’événement parfait pour que les éditeurs puissent montrer leurs projets en cours et ainsi rassurer les investisseurs, la gamescom compte aussi emboîter le pas du salon de Los Angeles en reprenant quelques idées. La recette est on ne peut plus simple: il faut susciter l’impatience et donc donner aux joueurs ce qu’ils attendent. L’E3 ne fonctionne que par ça, c’est-à-dire les annonces et les conférences, bien sûr. Les nouvelles consoles y sont annoncées, les licences AAA, accompagnés de trailers spectaculaires, voilà qui marque les esprits à tous les coups. Sur ce sujet, la gamescom compte bien rattraper son retard et s’est offert depuis sa créations quelques annonces importantes: l’annonce de Guild Wars 2 en 2010, la baisse de la PS3 en 2011 ou encore l’annonce de la version Slim en 2009. Cette année, les petits plats ont été mis dans les grands, avec des conférences et annonces fracassantes. Nous y reviendrons plus loin.
Enfonçons maintenant une porte ouverte: statistiquement, la gamescom est le plus grand salon au monde dédié aux jeux vidéo. Ouvert au public, il accueille 345000 visiteurs, sa superficie est le triple de celle de l’E3, les exposants sont deux fois et demi plus nombreux, bref, c’est le plus grand salon au monde. Pas le plus important, car sur ce sujet, l’E3 reste le maître avec ses habituelles annonces et conférences des gros de l’industrie. Mais alors, comment exister quand on tient un événement ayant lieu deux mois après la grand-messe du jeu vidéo? Les éléments de réponse se trouvent naturellement, il suffit de laisser faire la mentalité allemande en matière de jeu vidéo. Pays numéro 1 en Europe en matière de consommation de jeux vidéo, l’Allemagne s’oriente davantage vers le PC que la console. Leurs éditeurs locaux aiment le PC avant tout: Daedalic et sa multitude de point & click, Kalypso avec ses jeux de gestion, InnoGames et leurs jeux tournant sur navigateur ou encore Giants Software (à moitié suisse, mais ça compte) et tous ses «Simulator» de stations de ski, de tracteurs ou de chantier. On retrouve donc parmi les exposants beaucoup de petits studios ; indépendants ou non, pouvant ainsi échanger avec le public puisqu’ils privilégient en général le salon allemand, moins onéreux et permettant un échange direct avec les joueurs et pas seulement la presse.
Pour ces studios, le raisonnement s’avère souvent très simple: il faut choisir entre l’E3 et la gamescom pour se montrer, et l’un est beaucoup moins cher que l’autre. Pour les mastodontes de l’industrie, cela varie selon les cas. Il y a les omniprésents, comme Microsoft, Ubisoft ou EA, toujours là et prêts à faire le show, ceux qui sélectionnent tels Blizzard qui zappe l’E3 pour privilégier la gamescom ou Sony qui zappe sa conférence en la programmant finalement fin octobre lors de la Paris Games Week, une première pour le salon français, et ceux qui ne vont nulle part, comme par exemple Rockstar. Pour les seconds, c’est très simple, il faut mettre le paquet sur le seul événement couvert pour en mettre plein les mirettes aux joueurs. Pour les premiers, il est nécessaire de la jouer fine, de trouver un compromis pour cartonner lors de l’E3 mais également en avoir sous le pied pour la gamescom, qui plus est ouverte au public. Les versions jouables ne pourront pas être buggées, le public n’a pas le même regard ni la même compréhension que les professionnels de la presse habitués à découvrir des jeux sur des builds encore au stade de l’alpha. Sur ce point, nous avons cette année un très bon élève, un «peut mieux faire» et un troisième dont on ne se souviendra même pas de la présence.
Lors de l’E3, Microsoft avait offert une conférence assez réussie, pas nécessairement centrée sur sa Xbox One. La firme de Redmond débarqua avec de belles choses dans ses bagages, comme Dark Souls III, Fallout 4, Rise of the Tomb Raider, l’exclue qui n’en est plus une ou encore l’annonce de Scalebound. Ce que l’on ignorait encore, c’est que Microsoft gardait quelques cartouches pour la gamescom et n’a pas loupé son coup… surtout pour les joueurs console. La PC Master race n’aura à priori que faire de l’annonce de Halo Wars 2 ou des séquences de jeu sur Scalebound et Quantum Break. En fait, c’est surtout l’exclusivité annoncée qui désintéresse totalement les PCistes de ces jeux, bien qu’elle soit très certainement bidon. Deux jeux sur les trois cités devraient sortir un jour ou l’autre sur PC, alors pour le moment on les regarde, mais de loin. A vrai dire, seul Quantum Break semble intrigant. Développé par les créateurs de Max Payne, il s’inspire dans sa mise en scène et avec son casting des productions de David Cage et son studio Quantic Dream. A surveiller, donc. Halo Wars 2, inutile de vous préciser qu’on s’en contrefout, un sentiment à peu près équivalent pour Scalebound, un action/RPG développé par les créateurs de Bayonetta dans lequel un jeune mi-homme mi-dragon combat avec un arc. Très metrosexuel avec un faciès proche de Neil Patrick Harris, il possède une épée et se balade avec un casque type Beats by Dre/Apple autour du cou. Son seul intérêt pourrait résider dans les combats contre des créatures littéralement immenses. Perso, on passe notre tour. On aura remarqué sans se réjouir l’omniprésence de la Xbox One avec sa nouvelle interface et les allusions un peu trop nombreuses à Windows 10. OK les gars, votre nouvel OS vient de sortir, son store est calqué ou presque sur celui de la console, avec le même compte on peut tout faire, c’est génial. Mais sinon?
Autre gros ponte de l’industrie présent aux deux salons, Electronic Arts n’a pas pris de risque. L’E3 dévoilait Mass Effect Andromeda, le prochain Need for Speed, FIFA 16, Mirror’s Edge Catalyst et Star Wars Battlefront. Pour la gamescom, un peu de FIFA 16, du Plants vs Zombies, mais surtout cinq minutes du prochain Mirror’s Edge, soulevant une hype énorme et certainement l’un des meilleurs moments de cette gamescom. Désormais, Faith ne tient plus d’arme et le joueur n’est plus assisté dans tous ses déplacements. Pas surbrillance rouge sur les éléments interactifs du décor, pas de HUD à l’écran, une immersion la plus totale si jamais cela se confirme. Tant attendu, le retour de Faith et ses tricks au corps-à-corps promet beaucoup. L’autre très bon moment fut la découverte du Fighter Squadron Mode de Star Wars Battlefront, mettant en scène des batailles épiques entre rebelles et l’Empire digne des films de Lucas Art. Cette séquence fait l’unanimité tant son immersion est forte et l’action très bien rendue. Cette présentation nous dévoile également Dark Vador et ce que vous ressentirez si jamais vous le croisez… Un bilan en demi-teinte pour EA, qui réussit tout de même à ne pas faire doublon par rapport à l’E3. On regrette juste de ne pas avoir vu Mass Effect: Andromeda. La fermeture cette année du studio Maxis n’empêche cependant pas les affaires de continuer, puisque l’add-on Get Together est annoncé pour Les Sims 4, accompagné par un happening qui fera date dans le ridicule des conférences.
Que retenons-nous d’autre de cette gamescom? Plusieurs choses. Blizzard organise une mini BlizzCon et dévoile Legion, la prochaine extension pour World of Warcraft, passant le level max de 100 à 110, ajoutant les Îles Brisées et une nouvelle race, les chasseurs de Démon. Onze ans plus tard, WoW persiste et reste le MMO numéro 1. Le plus gros événement, on le doit à Take-Two, ou 2K Games, qui annonce Mafia III, attendu depuis six ans et la sortie du second opus mitigé. L’action se déroule cette fois à La Nouvelle-Orléans, on vous en parle dans notre aperçu. Du même éditeur, on a pu voir XCOM 2, très attendu et à juste titre, après l’opus précédent tout bonnement excellent. Des classes repensées, des niveaux générés aléatoirement et des rôles inversés puisque XCOM jouera l’envahisseur pour neutraliser l’ennemi extraterrestre. Dans une moindre mesure, Ubisoft montre un peu plus de son Assassin’s Creed annuel dans l’indifférence générale. Soit la série s’essouffle après un loupé monumental l’an passé, soit les autres jeux attirent davantage les foules, ou les deux. Quoiqu’il en soit, bien que le matraquage publicitaire n’ait pas encore démarré, on ne sent pas une impatience mondiale concernant les aventures de Jacob Frye, l’assassin chapelier. Heureusement, l'éditeur français nous montrait un peu TrackMania Turbo, The Division ou encore For Honor, qui pourrait être un bon défouloir s'il est à la hauteur des attentes placées en lui. Pêle-mêle, on a pu voir Dark Souls 3, pareil, mais plus dur, Final Fantasy XV qui n’intéresse personne à la rédac, Metal Gear Solid V: The Phantom Pain qui sortira finalement sur PC en même temps que les versions consoles (Master race on vous dit), l’annonce d’Endless Space 2, celle d’Elex par les créateurs (allemands) de Gothic ou encore le mignon Unravel. Oculus était également de la partie, proposant quelques nouveautés mais un casque similaire à celui que nous avions pu tester en behind closed doors l’an passé.
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